Origines de la théorie de l'Âge de Glace - Episode 4 - Auguste Bravais et l'expédition La Recherche
Le quatrième épisode sur les origines de la théorie de l'âge de glace d'Agassiz vient de sortir ! Dans cet épisode, nous parlons de l'expédition du comité scientifique du nord sur la corvette La Recherche, qui s'est déroulée entre 1838 et 1840. Sur ce navire, des scientifiques de plusieurs discplines et de plusieurs pays différents. Ensemble, ils parcourent les mers polaires pour comprendre leur fonctionnement, leur histoire, leur évolution. Alors venez et embarquons avec eux pour un voyage dans le grand nord !
Script de l'épisode
Bonjour à toutes et à tous et Bienvenue pour cette nouvelle vidéo de Terres du Passé !
Nous avons parlé, dans l'épisode précédent, de Sven Lovén et des mollusques qu'il ramène de Svalbard en 1837.
Et je tiens à apporter une correction à ce que j'ai dit dans l'épisode précédent : je me suis trompée en parlant de lui comme d'un zoologiste suisse : il était en fait suédois ! Il s'agit d'une erreur de traduction anglais/français de ma part et j'en suis navrée. J'ai pris grand soin, pour cette vidéo, de bien reprendre ma traduction avant de la mettre en images.
Sven Lovén compare donc que ces mollusques de Svalbard aux fossiles dont il dispose pour la mer Baltique. Ses résultats tendent à démontrer l'existence, dans le passé, d'une période glaciaire en Scandinavie.
Aujourd'hui, nous allons continuer notre histoire en parlant de l'expédition de la corvette La Recherche qui s'est déroulée sur trois années entre 1838 et 1840.
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Générique
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En 1838 commencent donc les voyages de la commission scientifique du nord.
Ils vont parcourir les mers pour étudier la Scandinavie, la Laponie, le Spitzberg, qui correspond à une partie de l'archipel de Svalbard, et les Féroé. Ils naviguent sur la corvette la Recherche sous la direction de M. Paul Gaimard, vaillant explorateurs de 45 ans au moment du départ.
Cette expédition a cela de remarquable qu'elle est interdisciplinaire, donc regroupant des scientifiques de plusieurs disciplines différentes : des géologues, des biologistes, des physiciens et des spécialistes des sciences humaines. À cette époque, il n'y a pas d'appareils numériques pour immortaliser leurs aventures. Le seul moyen de conserver une trace durable des paysages, des animaux, des personnes et des sites qu'ils croisent est de les dessiner ou de les peindre. Quelques artistes embarquent donc afin de figer tout cela sur le papier. C'était une pratique commune à l'époque.
Un autre aspect rend cette expédition exceptionnelle pour l'époque : elle est internationale. À son bord, des suédois, des norvégiens, des danoises et des français participent à l'aventure. Et parmi eux, Auguste Bravais. Ce jeune officier naval est astronome et physiciens. Durant l'été 1838, alors que le navire la Recherche vogue le long des côtes de Svalbard, Bravais remarque des paléorivages surprenants. Ils sont à une altitude plus élevée au niveau de la tête des fjords qu'au niveau du bout de leur bras.
Et là nous en arrivons à notre premier point de vocabulaire : les paléorivages. Cela vient du grec palaïo, ce qui signifie ancien, et rivage qui signifie... rivages. C'est-à-dire une partie de la terre qui borde la mer, du latin ripa qui signifie rives.
Et là, je vous entends déjà me dire : "Mais comment ça, des paléorivages ? Un rivage, c'est un rivage, point barre !" Eh bien en fait, c'est un peu plus que ça.
Comme vous le savez sûrement, depuis la formation de la Terre, les continents bougent, se déplacent, se percutent, grossissent, se brisent à nouveau avant de se percuter encore. C'est la tectonique des plaques. Nous aurons l'occasion de faire quelques vidéos sur le sujet. Le simple fait de savoir cela indique que les rivages ont évolué au cours du temps, qu'il y a eu des paléorivages. Mais la tectonique agit sur des échelles de temps de plusieurs millions, plusieurs dizaines de millions, que dis-je plusieurs centaines de millions d'années ! Or là, nous parlons d'une période récente à l'échelle de la Terre.
Et il est vrai que nous n'avons pas encore eu l'occasion de mettre un âge à ce fameux Âge de glace dont nous parlons depuis trois épisodes. Et cela s'explique par l'histoire que je vous raconte : les scientifiques du XIXe siècle étaient incapables de dater les restes glaciaires, alors que nous, au XXIe siècle, voilà quelques décennies que nous avons obtenu des réponses détaillées ! Mais au XIXe siècle, sont-ils vraiment incapables de dater la glaciation dont ils essayent de démontrer l'existence ? Ils ont plusieurs faisceaux d'indices qui leur permettent de faire des estimations. L'un d'eux est la découverte de ces fameux paléorivages asymétriques de Svalbard par Auguste Bravais en 1838.
En effet, en discutant avec des pêcheurs des mers nordiques et péri-arctiques, donc autour de l'Arctique, certains scientifiques ont pu découvrir que les îles du nord remontaient. Oui, elles remontaient ! Habitués à accrocher leurs embarcations dans des criques précises, les pêcheurs ont pu voir de père en fils des zones d'amarrage monter peu à peu jusqu'à plusieurs mètres au-dessus du niveau de la mer. D'aucun pourrait supposer que le niveau marin diminue, ce serait une explication à ce phénomène, mais non. La terre monte. Et elle monte vite. Quelques dizaines d'années à peine pour remonter de plusieurs dizaines de centimètres au dessus du niveau de l'eau.
C'est ce qu'on appelle l'isostasie.
Encore une fois, le temps nous manque pour détailler ce phénomène fascinant. Il faudra donc attendre quelques jours pour comprendre l'isostasie, ses implications et avoir une première estimation de l'âge de l'Âge de glace. Merci d'avoir écouté cette vidéo jusqu'au bout !
Pourriez-vous me dire dans les commentaires si ce format de 5 minutes vous convient ou si vous préféreriez un format un peu plus long, autour de 8-10 minutes ?
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Références bibliographiques
Voyages en Laponie, au Spitzberg et aux Féroé pendant les années 1838, 1839 et 1840, sur la corvette La Recherche commandée par M. Fabvre, lieutenant de vaisseau, sous la direction de M. Paul Gaimard, président de la Commission Scientifique du Nord. Atlas historique et pittoresque lithographié d’après les dessins de MM. Mayer, Lauvergne et Giraud, tome premier, Paris, Artiius Bertrand, Editeur, libraire de la société de géographie, rue hautefeuille, 21 df. l’imprimerif, de crapelet, rue de vallgirard, 9.