Script de l'épisode

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue pour cet épisode spécial Halloween de Terres du Passé !

Aujourd'hui, nous allons nous immerger dans la vie d'un homme au destin tragique.

La vie d'un explorateur du XIXe siècle, aventurier du pôle nord qui, malheureusement pour lui, tenta de trouver le passage du nord-ouest dans l'océan glacial Arctique à une époque où les moyens techniques et technologiques étaient encore trop peu fiables... Les coûts, aussi bien financiers et matériels qu'humains, de ses tentatives se révélèrent finalement si élevés que la marine royale d'Angleterre délaissa ce projet durant plusieurs décennies.

Mais cessons les tergiversations et les préambules pour parler d'un explorateur maudit : Sir John Franklin.

Sir John Franklin, 1786-1847 (source : Wikipedia commons)

GENERIQUE

John Franklin naît en avril 1786 en Angleterre, neuvième d'une fratrie de 12 enfants. Il entre au service de la marine royale, la Royal Navy aussi appelée l'Amirauté, à l'âge de 14 ans et embarque sur le navire de son oncle, Matthew Flinders, pour un voyage à travers les océans du globe qui le mènera jusqu'en Australie. Il se découvre alors des talents d'arpentage, une discipline de cartographie permettant de tracer des cartes précises, détaillées et de mesurer des angles et des altitudes. Cette qualité, développée à un jeune âge, lui ouvrira plus tard les portes de l'Arctique.

Au début du XIXe siècle, l'Angleterre est en guerre avec l'empire napléonien puis avec les indépendantistes d'Amérique du Nord et du Canada. Franklin participe donc très jeune à plusieurs batailles majeures. Dès 1801, à 15 ans, il participe à la bataille de Copenhague.

Bataille de Copenhague, 1801 (source : wikipedia commons)

En 1805, à 19 ans, il est blessé durant la bataille de Trafalgar, dont les britanniques sortent victorieux après avoir détruit une bonne partie de la flotte franco-espagnole menée par Napoléon.

Bataille de Trafalgar, 1805 (source : wikipedia commons)

Puis en 1814, à 28 ans, il combat à la bataille de la Nouvelle-Orléans.

Bataille de La Nouvelle-Orléans, 1814 (source : wikipedia commons)

Ce n'est qu'une fois la paix signée que l'Amirauté peut reprendre ses explorations, dont, notamment, la conquête du passage du Nord-Ouest. Le passage du Nord-Ouest est une route théorique qui permettrait de relier les océans Atlantique et Pacifique par une voie navigable à travers l'archipel artique canadien.

Carte du Passage du Nord-Ouest

Au XIXe siècle, seuls deux moyens permettent de relier les deux plus grands océans du globe : la terre, en traversant toute l'Eurasie, et la mer, par des routes longues et dangereuses, contournant soit l'Amérique du sud, soit l'Afrique et l'océan Indien. Le passage du Nord-Ouest permettrait des échanges commerciaux plus rapides et plus fiables avec l'Asie.

 

Carte des routes maritimes permettant de rejoindre l'Asie depuis l'Europe de l'Ouest

Mais pour cela, il est nécessaire de trouver une route navigable à travers le périlleux océan glacial Arctique. Ajoutons que les marins, au 19e siècle, sont persuadés qu'il existe une mer ouverte au milieu de l'Arctique, entourée par la banquise. En trouvant la faille qui permettra de rejoindre cet océan arctique libre de glace, la navigation deviendra alors un jeu d'enfant ! Aujourd'hui, nous savons que cette mer arctique libre de glace n'existe pas. Mais à l'époque, ils n'avaient aucun moyen de le savoir.

Au XIXe siècle, les marins et les explorateurs pensaient qu'il existait une zone de mer libre de glace au Pôle Nord. Aujourd'hui, nous savons que ce n'est pas le cas.

C'est en 1818, à l'âge de 32 ans, que John Franklin débute son expérience du monde polaire. L'Amirauté le met aux commandes du navire le Trent pour une expédition à destination du Pôle Nord menée par David Buchan un officier écossais de la Marine Royale. Mais l'expédition est mise en échec par la glace de mer, trop épaisse et infranchissable, au niveau de l'archipel du Spitzberg.

Navire le Trent (source : Wikipedia commons)

Pour autant, ce premier échec ne décourage pas Franklin. Le domaine polaire est difficile à affronter mais il le fascine. Le talent d'arpentage de Franklin lui ouvre les portes d'une expédition de cartographie dans l'archipel canadien en 1819 : l'expédition Coppermine. Son équipe et lui parcourent à pieds et en canoës la rivière Coppermine jusqu'à atteindre la mer, en juillet 1821. L'expédition se révèle difficile et périlleuse. Dix hommes meurent de faim et de froid alors que les survivants se trouvent dans un état de malnutrition avancé.

Carte de la rivière Coppermine, explorée par John Franklin et son équipage entre 1819 et 1821.

Franklin n'est pas épargné par la famine et c'est au cours de cette mission qu'il finit par manger ses bottes. Cette anecdote se répand rapidement à son retour en Angleterre et devient un sujet de moquerie envers l'explorateur. Franklin ne s'en offusque pas : il a dû affonter des périls terribles durant cette expédition et les railleries ne l'atteignent pas. Aucun de ces gentlemen n'a été contraint de manger des soupes faites à base des rares lichens trouvés et grattés des rochers et du cuir de leurs bottes. Il comprend que l'image puisse prêter à rire, mais cela lui a sauvé la vie en Arctique et il ne le regrette pas.

La mission Coppermine n'est donc pas une grande réussite, de nombreuses pertes humaines étant à déplorer et les difficultés rencontrées ayant manqué d'anéantir tout l'équipage. Mais ils rapportent tout de même la première carte détaillée d'une partie du rivage arctique.

Merci d'avoir regardé cette vidéo jusqu'au bout !
Passez une belle nuit, et à très vite pour la suite des aventures de l'explorateur Maudit.