Futurs-ACT et le Tremplin 2023 : une rencontre sur le changement climatique - Xavier Blanc nous parle de Hêtre en Forêt
Le Tremplin 2023 de Futurs-ACT a réuni de nombreux chercheurs, acteurs de la société, décideurs, politiques et citoyens pour réfléchir et discuter ensemble de l'adaptation au changement climatique. Lors de la première journée, Xavier Blanc, propriétaire forestier en Limousin et fondateur de Hêtre en Forêt, a fait une conférence détaillée et riche sur les pratiques de sylviculture et la résilience des écosystèmes forestiers. En réponse, Christophe Plomion, chercheur, a apporté des éléments clés sur la génétique des espèces et son importance dans face aux changements de température que nous sommes en train de vivre.
Bonjour à toutes et à tous et Bienvenue !
Aujourd'hui, Terres du Passé a le plaisir de vous partager les vidéos de la conférence de Xavier Blanc. Le Tremplin 2023, organisé par le réseau de recherche Futurs-ACT, a permis de réunir de nombreux acteurs de la société, et Xavier Blanc, propriétaire forestier en Limousin, s'est révélé particulièrement intéressant.
Apportant de nombreux éléments sur les écosystèmes forestiers, cet ancien comptable passionné a su expliquer l'importance de l'arbre et de la résilience de la forêt pour aider à faire face au changement climatique. Les compléments de Christophe Plomion (chercheur spécialisé dans les socio-écosystèmes forestiers) sur la génétique des espèces d'arbre ont apporté un éclairage surprenant et très complet à la présentation de Xavier Blanc.
Terres du Passé vous propose donc de découvrir ici les vidéos du Tremplin de Futurs-ACT.
Xavier Blanc de Hêtre Forêt - de comptable à forestier
Court résumé de la vidéo :
Il est extrêmement compliqué d’arriver à concilier une idée forte : comment respecter un écosystème forestier tout en exploitant du bois ? Tout en tenant compte des enjeux économiques et sociétaux et du changement climatique ?
En Limousin, ils font plutôt de la sylviculture agronomique par la sylviculture à futaie régulière :
Futaie régulière : Plantation en plein sur un sol à nu, monoculture, on définit à l’avance la date de coupe rase avant de recommencer.
Et ce schéma-là, suvi par la plupart des sylviculteurs, posait problème à Xavier Blanc. Il voulait exploiter sa forêt, mais l'exploiter différents. De façon plus harmonieuse, plus en accord avec l'écosystème forestier dont il a eu la charge lorsqu'il a acquis ses premiers hectares de forêt.
Il voulait ramener les gens, notamment urbains, en forêt. Il voulait créer une sensibilisation de tous publics.
Pour y arriver, il lui fallait une typologie d’exploitation plus respectueuse de l’environnement et de l’écosystème en lui-même. Ses méthodes, détaillées dans la prochaine vidéo, ont amené le PNR (Parc Naturel Régional) Périgord-Limousin à faire certaines expérimentations par les plantations de certaines essences (par exemple), afin de savoir lesquelles survivent le mieux dans les conditions climatiques actuelles, etc.
En tant qu’êtres humains, on a une grosse incohérence actuelle : tout le monde veut du bois comme matériau mais personne ne veut couper d’arbre.
Xavier Blanc nous présente la sylviculture irrégulière à couvert continu
Court résumé de la vidéo :
L'arbre est un organisme exceptionnel. Les scientifiques se sont aperçus que l’eau que l’arbre captait n’était pas la même que l’eau que l’arbre relâchait : l’eau qui ressortait était une molécule d’eau recréée par l’arbre. L’arbre va purifier l’eau par la photosynthèse.
La figure de la composition chimique du bois (le tronc coupé) est issu du site ecotree.green, le site en lui-même est très bien construit et explique très bien le principe du stockage du carbone dans le bois, à aller lire et découvrir !
L’arbre capte 1,8 tonnes de carbone pour une tonne de bois. C’est énorme.
C’est très important dans notre adaptation. Ajoutons qu'un arbre est 99% fait avec de l’air et de l’eau et à peine 1% de nutriment et minéraux.
Il crée tout ce qu’il est en utilisant l’atmosphère et de l’eau.
Avec la sylviculture par futaie régulière, on partait d’une seule typologie d’essence d’arbre. D’une plantation de 1900 arbres par hectare, on passe à 150 arbres par hectare. Par les éclaircies successives, on essaye de faire de la régénération naturelle, mais la coupe rase détruit tout.
Le meilleur du sol est dans l’humus, doit les 20-25 premiers cm de sol. Les pelleteuses détruisent ça, et cela induit le relargage de beaucoup de carbone vers l'atmosphère . Tout le schéma mycorhizien va disparaître... Ce qui fait tout redégringoler à l’échelle écologique.
Xavier Blanc nous présente la sylviculture à couvert continu pour permettre plus de régénération naturelle
Dans ce type de sylviculture, il y a un mélange d’arbres en âges et en typologie d’essences ce qui apporte davantage de diversité.
Les grands arbres sont des stabilisateurs : production en valeur économique, producteur génétique, stabilisateurs de la forêt et éducateur pour l’ensemble des arbres qui sont autour.
Ce type de sylviculture permet d'avoir un sol plus structuré qui encourage le développement d'une biodiversité plus riche et variée. Ce type de culture est plus pour une production de bois d'œuvre que pour du bois d’énergie, ce qui permet un stockage de carbone plus long et plus efficace.
La forêt de Hêtre en Forêt est composée de la mianière suivante :
Christophe Plomion répond à Xavier Blanc et nous parle des socio-écosystèmes forestiers
La diversité génétique des arbres est immense et leur permet une grande adaptabilité à leur environnement en fonction des espèces.
Il existe un nexus entre l’eau bleue et l’eau verte, si importante pour la place de l’arbre.
Il existe également la règle des trois S avec l’arbre au centre de l’adaptation au réchauffement climatique.
La diversité génétique est un déterminant supplémentaire de la résilience des forêts. Cette diversité génétique n’est pas souvent prise en compte car on ne la perçoit pas. Et pourtant elle est la première composante de la biodiversité. Le carburant et le moteur de la diversité des espèces.
À la suite des incendies de la fin des années 40, l'État avait massivement importé des graines d’espagne et du portugal pour reconstituer des parcelles incendiées. Ces graines adaptées à des environnements différents, ont donné des arbres incapables de résister à l’hiver 1984-85.
En fait, il existe autant de diversité génétique entre deux arbres voisins qu’entre l’humain et le chimpanzé.