Colloque Q10 AFEQ INQUA - 2016 - Oral
Réorganisations hydrographiques en Mer de Norvège au cours des derniers 45 ka
Mélanie Wary1, Frédérique Eynaud1, Linda Rossignol1, Sébastien Zaragosi1, Marjolaine Sabine1, Marie-Hélène Castera1, Isabelle Billy1
1 EPOC (Environnements et Paléoenvironnements Océaniques), Université de Bordeaux, UMR 5805, Université Bordeaux, 33615 Pessac, France (melanie.wary@gmail.com)
Les événements climatiques millénaires de la dernière période glaciaire (évènements d’Heinrich et de Dansgaard- Oeschger) ont fait l’objet de nombreuses études au cours des dernières décennies, mais des incertitudes notables demeurent, notamment à propos des mécanismes océaniques associés. Notre travail se propose d’étudier l’évolution des conditions hydrographiques enregistrées sur la section 3 - 41 ka cal BP de la carotte MD99-2285 prélevée au Sud de la Mer de Norvège. Nos résultats, basés sur une approche multi-indicateurs (reconstructions quantifiées issues des assemblages de dinokystes et de foraminifères planctoniques, IRD, granularité du sédiment, susceptibilité magnétique, analyses XRF), révèlent un schéma relativement atypique dans cette région, où (i) lors des interstadiaires, la partie supérieure de la colonne d’eau apparait comme relativement froide, homogène, et saisonnièrement couverte de glace de mer, avec pourtant l’évidence d’une circulation active d’eau profonde, (ii) lors des stadiaires (incluant ceux associés aux évènements d’Heinrich), la colonne d’eau superficielle apparait constituée d’un niveau de surface chaud (notamment en été), peu salé, presque entièrement libre de glace de mer et où dérivaient des icebergs, et séparé par une forte halocline d’un niveau de subsurface plus froid et plus salé, avec en parallèle une circulation profonde fortement réduite, et (iii) lors de l’Holocène, les conditions océaniques semblent similaires à celles caractérisant la période moderne mais significativement différentes de celles enregistrées au cours des interstadiaires. Ainsi, notre étude suggère fortement l’existence de différents modes de convection profonde au sein des Mers Nordiques, avec notamment, lors des interstadiaires, une formation d’eau profonde probablement principalement induite par le relargage de saumures en lien avec la présence de glace de mer sur une grande partie de l’année. D’après nos résultats, la transition entre ce mode glaciaire de formation d’eau profonde, et le mode moderne de convection en océan ouvert, pourrait s’être produite à la fin de la dernière déglaciation / début de l’Holocène, où les deux modes semblent avoir joué.